Conférence de Jean-François Cocquet, professeur de lettres honoraire, membre correspondant.
Salle du réfectoire de l’ancien Carmel d’Abbeville, 36 rue des Capucins à Abbeville, mercredi 4 mai 2016 à 14h30.
Dans la situation que nous vivons, le problème que posent les religions dans la société civile doit être abordé. Or la manière dont Voltaire traite de ce problème dans son Dictionnaire philosophique reste d'actualité.
Voltaire critique les religions, le christianisme d’abord mais non pas seulement. Il connaît précisément les textes dont elles se réclament, mais aussi leur histoire dogmatique et institutionnelle. Lorsqu'elles se prétendent « révélées » et donc détentrices du vrai, les religions sont potentiellement dangereuses, effectivement et de façon désastreuse lorsqu’elles servent de prétexte à la violence.
Le déisme serait un dépassement des conflits religieux et la voie vers une société « laïque » apaisée mais Voltaire a, d’une part, cette lucidité d’observer la faiblesse de la raison et de la sensibilité face aux croyances gagnées par le fanatisme et, d’autre part, il relève que la représentation d'un Être suprême laisse ouverte la question de la métaphysique qu’elle entend refermer, notamment lorsqu’il s’agit de l’origine du mal.
Le déisme voltairien a ses limites conceptuelles que Voltaire reconnaît mais ne franchit pas. Il se refuse à l'athéisme malgré sa rencontre avec Hume qui analyse le religieux comme une production de l'esprit humain.
Le Dictionnaire philosophique est un acte d'accusation implacable contre les formes du mal. Il est en même temps un plaidoyer pour que la vie humaine, personnelle et collective, soit supportable, sinon heureuse. (JFC)